LE SAVON MARSEILLAIS OU TOULONNAIS ?

M.PALMIER

M. Palmier, industriel de Grasse, fut appelé par les syndicats de l’époque à installer sa manufacture de savons au nord de la place Gambetta.

La communauté toulonnaise s’engagea même pour mieux l’appâter à lui verser huit florins par an et à lui payer son loyer.

Jadis, ces terrains marécageux servaient à parquer les troupeaux et bergeries des bouchers de la ville.

Petit à petit, d’autres savonneries s’y installèrent et ce secteur prit le nom de « faubourg des savonnières ».

1633

Entre-temps, les habitants du quartier avaient commencé à se plaindre des odeurs dissipées par les savonneries et obtinrent vers 1633 leur transfert au-delà des remparts de la ville dans une rue récemment ouverte à l’extrémité ouest de la ville.

Ainsi naquit la rue des Savonnières qui existe encore aujourd’hui.

TOULON, LA VILLE DU SAVON

Les fabriques se multiplièrent, et de huit savonneries en 1600, le nombre passa à vingt en 1650.

Le commerce du savon à Toulon fut si prospère que les archives ont enregistré jusqu’à plus de 60 000 quintaux de savons produits et exportés par an.

Confectionnés à base d’huile d’olive, les savons toulonnais étaient réputés pour leur incomparable qualité.
L’activité du port de Toulon était alors intense. Chaque année, une soixantaine de bateaux marchands étrangers débarquaient leurs marchandises avant de repartir avec des huiles et des savons.

La ville connut ainsi son âge d’or avant de succomber à la concurrence.

LA GUERRE DU SAVON

À Marseille, où des manufactures de savons s’étaient aussi installées après Toulon, les fabricants bénéficièrent d’un privilège.

En effet, le roi de France promulgua un édit en 1669 qui proclamait la franchise du port de Marseille en taxant par ailleurs toutes les marchandises qui entraient ou sortaient du port de Toulon.

Cette mesure, donnant l’avantage économique aux Marseillais, signa la perte du monopole de la fabrication du savon par Toulon et la disparition une à une de ses savonneries.

TOULON, RESTERA UNE VILLE DE SAVON

Les savonniers tentèrent de résister mais en produisant en plus petite quantité et de moins bonne qualité, pour faire face aux prix de leurs concurrents, cela finit par se savoir.

Enfin, comble de malchance, tous les oliviers de la région gelèrent en 1709.

En 1749, Toulon ne comptait plus que sept savonneries, puis seulement quatre en 1770.

La capitale varoise perdit ainsi « la guerre du savon ». La première savonnerie française est née à Toulon. Et si le fameux savon marseillais largement réputé s’était appelé